Deux ans après leur 2e place aux Francouvertes (éclipsé par Les Soeurs Boulays), les trois garçons de Gazoline lance leur premier vrai album. Avec Xavier Caféïne à la réalisation et supporté par Ryan Battistuzzi (Malajube, Les Breastfeeders) et Gus Van Go (Les Trois Accords, Vulgaires Machins), Xavier Dufour-Thériault, Jean-Cimon Tellier-Dubé et David Dufour offre un album éclatant du rock pur, de pop énergique et punk.

Pour l’occasion, j’ai fait une entrevue pour le magasine Longueur d’Ondes à paraitre sur papier prochainement, mais les gars ont été tellement généreux, que je vous partage d’autres extraits de l’entrevue ici.

Quel est la différence entre Futurbabymama (Le premier EP de Gazoline) et votre nouvel album?

Xavier : On a fait le premier album comme un compte-rendu de ce qu’on était à ce moment-là, c’est à dire, un band de garage-rock du Saguenay. On n’avait pas le goût de faire un second album comme les quatre premières pistes de ce qu’on avait fait. On est désormais à Montréal et on avait le goût de faire quelque chose de différent. L’album a été fait dans l’optique d’être original et de se démarquer de tout ce qui se fait présentement. En 2-3 mois, les textes et les brouillons étaient déjà montés. Souvent les gens disent que ton premier album, c’est tout ce que tu as fait jusqu’à maintenant. Donc c’est ton meilleur album. Mais nous non. C’est un album avec des chansons neuves et qui a une optique, une direction propre qu’on a réfléchie.

Le groupe voulait avant tout un album dansant, un rock avec une bonne touche de pop.

Comment cela a été de travailler avec Xavier Caféïne?

J-C : Caféïne est le réalisateur et sont rôle est d’amener les pistes plus loin qu’elles auraient pu être. Il faut qu’il soit ambitieux pour nous, dans le rendu final. Il a de l’expérience et sait où ajouter quelque chose, où mettre l’accent et sur quoi. Il a une méthode de travail qu’on n’a pas. Il sait aussi quel sont de quel clavier il faut à quel moment. Ce sont des raccourcis incroyables qu’il nous permet d’avoir.

On a enregistré au Breakglass studio, là ou des gens comme Arcade Fire et Patrick Watson ont déjà joué. C’est un grand studio énorme, pas luxueux et un peu trash. Donc on s’y sent facilement chez soi, avec une salle à manger rock, des plantes partout et des Nintendos. On ne s’y sentait pas mal de brosser. Par exemple, on a enregistré les voix de Xavier à deux heures du matin et il ne s’en rappelle même plus. Sur Vexe-moi et Du feu.

Xavier : J’étais censé enregistrer ma voix et ils m’ont dit qu’on allait le faire la semaine prochaine, j’étais déprimé et je me suis soulé. Je ne me rappelle plus de rien, mais le lendemain, ils avaient enregistré ma voix.

J-C: Ça parait, il y a une vibe rockeuse au niveau vocal. Aux instruments, on ne pouvait pas se le permettre, car on a une direction claire. Et ça l’aurait sonné poche. Par contre, au niveau des voix on a l’occasion d’aller chercher des tripes de plus et c’est ce qu’on a fait.

Xavier : On a choisi d’aller chercher des sonorités un peu synthétiques et des influences plus froides et moins jam, des trucs plus new wave. C’était bon pour nous d’abandonner tout ça avec une attitude qui est tout à fait punk-rock, sinon ce n’est pas naturel et pas vraiment plaisant. C’est dans ces contraintes là qu’on tente de créer notre son. Il faut avouer que c’est quand même léché comme album, mais il a de la personnalité. C’est un peu la différence entre un album fait par un groupe et un artiste solo. Il y a de la personnalité dans la façon de jouer et dont la façon que les instruments agissent entre eux. Tout ça crée un son unique et inspirant.

Quels sont les influences de Gazoline, en général?

Xavier : Les influences de cet album sont peut-être plus américaines. Car on est quand même des francophones américains, sur le continent américain. C’est un album qui a ça en lui, l’évolution de la musique pop et rock américaine. J’ai l’impression que c’est plus proche des Strokes que de Galaxie. Quand j’écris les textes, j’ai des influences comme Sthephan Eicher, Yann Perreau et Daniel Boucher. J’ai une façon propre d’aborder la langue, la poésie et les textes. Écrire en français, souvent, pour pas sonner trop ridicule, il faut que tu connaisses Nelligan. Sinon ça sonne ridicule, ça sonne comme quelqu’un qui n’a pas lu grand-chose et qui ne connait rien, à la Star Académie. Écrire de la musique, c’est sérieux, tu as besoin de Gaston Miron, de Richard Desjardins pour t’épauler et pour ne pas trop passer pour un cave. Ce sont des incontournables.

Pour ce qui est des influences musicales, le groupe parle de Xavier Caféïnes, mais aussi des Breastfeeders.

J-C : Ils m’ont éveillé au fait que le rock était possible en français. Le lendemain qu’on a vu les Breastfeeders en spectacle, on avait 13 ans et on est allé dans un marché aux puces à Chicoutimi s’acheter moi et Xavier une guitare de merde à 60$, même si on en avait des bonnes à la maison. On voulait être comme les Breastfeeders, avoir des guitares de marde qui sonnent vraiment mal et qui n’ont même pas de nom dessus. Je l’ai encore cette guitare et des fois je change les cordes. Quand je joue avec, je joue un accord et brises deux cordes. C’est la pire guitare au monde. Mais je l’ai acheté le lendemain que j’ai vu les Breastfeeders.

Xavier : On voulait des influences avec un spectre très large. Donc on s’est aussi inspiré de rock sud-coréen. Comme le rock sud-coréen n’est pas très écouté ici, on trouve qu’on se démarque un peu grâce à ça.

J-C : Je tiens à rappeler que Vexe-moi est né après qu’on ait écouté Sexy back de Justin Timberlake. C’est la toune la plus punk-rock de l’album, celle qui buche. On voulait quelque chose de dancy, qui a finalement viré toute croche. Alors oui, on a un spectre très large.

Comment voyez-vous le rock au Québec?

Xavier : En termes de rock francophone, j’aime Galaxie, Gros Méné, Mordicus et Caféïne qui sont plus électro-pop. Je les adore, mais je viens de toutes les nommer. J’aime aussi Ariel et We Are Wolves, qui sont plus trash. Mais entre tous ces artistes, il y a tellement de place ou tu peux jouer de la musique rock, mais personne ne fait rien.

J-C : Je ne dirais pas que le rock est malade, mais seulement qu’il n’y en a pas assez. On dirait que personne n’a le gout d’en faire du bon. Sans être chien, il y en a beaucoup de rock de mârde, mais justement, on n’en entend pas parler.

Xavier : On qualifie de rock les albums des Star Académicien qui ont des faux-hawks, mais ce n’est pas du rock. Si c’est pour les matantes, c’est beaucoup trop soft.

J-C : On dirait qu’être un band de rock ça évoque de la musique de motards : des manteaux de cuir, du poil sur le chest, des tatous et de l’alcool. Mais on n’est vraiment pas ça!

En effet, Gazoline c’est trois gars qui ont pensé fortement au rock et qui ont une démarche claire. Entre séduction pop, musique rock et énergie punk, le groupe s’en vient sur les planches et les radios pour offrir du rock, du vrai rock.

Prenez garde!

Gazoline

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