Koriass est de retour avec un troisième album intitulé Rue des Saules. Intime et ouvert, Koriass parle de ses démons, de sa famille, de ses hauts et ses bas et de tout ce qui le touche de près ou de loin. Le plus remarquable avec Emmanuel Dubois, c’est sa capacité d’évolution. Son précédent album Petites victoires (2011) lui avait ouvert quelques portes, l’avait établis et affermis dans sa notoriété, mais Rue des Saules défonce la scène du rap québécois pour la propulser plus loin et affermir son statut de rappeur.

La qualité de Koriass est son honnêteté, son flot incomparable, ses rythmes et ses rimes intelligentes, drôles et subtiles. J’ai discuté avec l’artiste de ses Petites victoires à la Rue Des Saules, chemin d’un combattant.

Dès le départ Koriass met cartes sur table : Rue des Saules est un album écrit sous dépression. Le mot n’est jamais mentionné une seule fois sur l’album, mais c’est l’ambiance qui le parcourt. Le ton a également changé. Le ton de baveux-bon enfant de Petites Victoires est devenu plus virulent, dur et sauvage.

Je peux être bâtard comme d’habitude, mais sur ben des chansons, je fais de l’autodérision, mais d’une manière négative, je me méprise. C’est vraiment un ton de dépression et de rédemption.

Il s’agit d’un album en montagne russe. La direction est dirigée, mais avec ses hauts et ses bas. La plus grosse montagne serait Devenir fou. Parce que c’est un peak de pétage de coche, de dépression, je mets les tripes sur la table et après, sur Les années c’est plus contrôlé, positif. Il y a vraiment les deux tons. C’est paradoxal et contradictoire.

Koriass offre ainsi un album plus personnel. Les collaborations se sont faites plus rares. À la production de beat on note Kaytranada et Ruffsound. Mais c’est surtout la voix de Safia Nolin qui surprend agréablement.

J’ai découvert son bandcamp et j’ai vraiment aimé ses chansons. J’ai adoré ses deux tounes. De son côté, elle m’a écrit sur Twitter qu’elle aimait mes chansons. Alors, on s’est dit qu’on ferait une collabo. Je lui ai envoyé une maquette, on a enregistré ça en studio et ça a super bien été. Il n’y a pas vraiment d’autre artiste que j’aurais vu sur mon nouvel album. Sur le précédent, les collaborations étaient trop accessoires. Je réécoute l’album et il y en a plusieurs que j’enlèverais, pas parce que les artistes ne sont pas bon, mais parce que dans la globalité de l’album, je ne vois plus l’utilité d’ajouter des featuring.

En plus de faire un featuring avec Safia Nolin, une artiste pas tout à fait connue, mais qui travaille sur son premier album présentement, Koriass a décidé de faire un sampler de Les étoiles filantes des Cowboys Fringuants.

On voulait sampler un truc québécois depuis longtemps, mais pas trop vieux et on s’est dit avec Ruffsound que Les Cowboys Fringuants c’était une super idée. Avec Les étoiles filantes, je voyais que ça fitait bien avec l’album, les histoires de remises en question. Et on a vraiment vu la place de cette chanson-là sur l’album et cette chanson je l’ai toujours adoré.

En dehors du travail de rappeur, Koriass a également participé à un spectacle littéraire en septembre dernier au Festival International de Littérature en jouant sur la pièce Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent avec Loui Maufette.

J’étais en art dramatique concentration art au secondaire et j’avais mis ça de côté pour me concentrer sur la musique. Louis Maufette m’a contacté parce qu’il me voyait sur son show. Il m’a proposé un bout musical, mais je voulais aussi un monologue. Alors, il a pris une chance et m’a donné un texte que j’ai bien rendu. Ça s’est bien passé et c’était vraiment le fun de partager la scène avec des artistes de renom.

Est-ce que Koriass ferait du théâtre?

Non, si j’ai à refaire quelque chose dans le genre, j’irais plus faire du cinéma. C’est vraiment plus la caméra qui m’intéresse. Je mise sur ma carrière musicale présentement, mais si des portes s’ouvrent, je reste très ouvert.

On notera en effet que Koriass apparait bien à l’écran, dans ses vidéoclips (voir ici haut).

Pour Montréal-Nord, j’avais vraiment le goût d’aller à l’opposé de ce qu’on entend dans la chanson. Je m’implique toujours dans le processus créatif. Le prochain vidéoclip sera pour la chanson Tseveudire.

Pour revenir sur Rue des Saules, il s’agit d’un album complet, magnifique et terrible. Un nouveau pilier de la musique hip-hop québécoise et même au-delà du hip-hop et du Québec. Un cinq étoiles à visiter allègrement.

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Photo : Alexandre Champagne
Photo : Alexandre Champagne