Photo : Benoit Rousseau
Photo : Benoit Rousseau

J’écoute Will Driving West depuis que je les ai découverts lors du Salon du disque et des arts underground de Montréal présenté par Under the Snow en 2011 où 2012. J’étais tombé sous le charme de The Breakout. Ensuite, est paru Castles (2012) et j’ai suivis avec enthousiasme leur projet de 50 covers. Ils ont fait paraitre cet été en juin Fly, leur troisième et plus récent album, disponible uniquement en ligne. Le 18 mars, Fly aura une deuxième vie lors d’un lancement gratuit à La Sala Rossa le 18 mars. J’ai décidé d’enfin rencontré David Ratté (qui écrit les chansons et dirige le projet) et Andréa Bélanger (bassiste) dans l’appartement qu’ils partagent.

Will Driving West

Heureux de la critique et de l’engouement des fans entourant la parution de Fly, David, voulait offrir un plus grand souffle à leur oeuvre. La formation a donc décidé de mettre le paquet pour la promotion et ainsi mettre en lumière une fois de plus leur troisième album (qui le mérite amplement).

«En 2010, le premier album s’est fait assez rapidement. On s’est retrouvé surpris de la réception du public parce qu’on n’avait fait aucune promotion. À notre spectacle au Divan Orange, il y avait eu à peu près 200 personnes.»

Les choses ont continué ainsi. La formation a cumulé les concerts, les parutions d’albums et vécu des retombées de leur travail musical, que ce soit pour la composition de trames sonores de films ou en jouant dans d’autres groupes. C’est de cette façon que David et Andréa Bélanger se sont rencontrés au départ et qu’ils habitent désormais ensemble.

«On jouait dans le groupe à Frank Fuller. Quand on est allé chercher des musiciens, on est allé chercher ceux avec qui ont jouaient dans ce band-là. » Explique la jeune femme pétillante. C’est ainsi que s’est rattaché à Will Driving West les musiciens Camille Paquette-Roy, Benoit Caron et Nicolas Ouellette.

David renchérit, «On s’est rendu compte, du fait qu’on a vécu des revenus de Will Driving West, qu’on ne s’était jamais vraiment engagé monétairement dans le projet. Il était temps qu’on s’investisse. On veut que le band décolle. On veut donner des spectacles et en vivre encore plus.»

Fly

«Ce que je trouve tripant avec cet album, c’est que le fait de l’avoir enregistré dans mon studio maison m’a permis d’aller chercher chaque émotion au moment où je la vivais… Au lieu d’accumuler les démos afin d’aller les enregistrer en studio quelques mois plus tard, ce processus là a fait que les interprétations sont les plus vraies, plus authentiques. Par exemple, dans la track de voix de Evicted , on m’entend taper du pied un peu, c’était censé être juste une démo. Niveau qualité sonore ce n’était pas parfait, mais je n’ai jamais réussi à la refaire avec la même émotion, parce que le soir où je l’ai enregistrée j’avais la boule dans la gorge, je la vivais à fond; c’est donc celle-là qui s’est retrouvée sur l’album. Il y a un paquet d’autres exemples comme ça. Le solo de guitare à la fin de Grow était supposé n’être qu’une direction un peu grossière pour que le guitariste du band sache vers où s’en aller. Finalement, le band a tripé et c’est elle qui s’est frayé un chemin jusqu’au disque» illustre David.

Quand on le questionne sur les thématiques auquel il s’inspire pour donner vie à ses albums, David parle plutôt d’un fil conducteur qui se retrouve dans chaque chanson : le désir d’évoluer, d’être un meilleur être humain.

« On s’est souvent fait dire qu’on est un band dark, et je ne partage pas cet avis. Oui, c’est vrai que ce n’est pas de la musique que tu mets dans un party pour que ça se mette à danser sur les tables, mais je n’ai jamais ou presque écrit de chanson juste pour dire « maudit que la vie est dure, ça va pas ben » etc. parce que ce n’est vraiment pas ce que je vis ni ce que je ressens. À chaque fois qu’il m’arrive une badluck, je vois toujours le côté positif en dessous de tout ça. C’est la seule façon de ne pas rentrer dans la victimisation, parce que quand tu te sens victime, t’as perdu d’avance, il n’y a plus rien que tu peux faire. Alors quand j’aborde un sujet plus triste dans une chanson, j’y mets toujours un fond d’espoir, de « ça va bien aller ». Comme Bob disait, don’t worry about a thing, ‘cause every little thing is gonna be alright. »

Et l’anglais

J’aborde la question des concours, puisqu’il y en a beaucoup auquel les artistes et bands francophones peuvent s’inscrire et se démarquer, mais si peu pour les groupes qui chantent en anglais.

«En fait, on a déjà soumis une chanson à CBC Searchlight, mais ce n’était pas un concours à proprement parler. Je ne suis vraiment pas du type concours. Quand je faisais du folk francophone il y a une dizaine d’années, je m’étais inscrit à Petite-Vallée, ou Granby, je ne me souviens plus. Il y avait 2 juges en présélection. À propos de la même chanson, un d’eux avait dit que la musique était superbe, mais que les paroles étaient nulles. L’autre avait dit que la musique était poche, mais les paroles géniales. Deux opinions complètement à l’opposé l’une de l’autre. C’est à ce moment que j’ai compris le ridicule de la chose. Je préfère la méthode old school!»

Est-ce qu’il trouve ça plus difficile au Québec de percer pour un groupe qui joue en anglais? Puisqu’il y a moins de support, moins de structure et moins d’appuis?

«C’est sûr et certain. On s’est fait dire par plusieurs radios que si on chantait en français, on serait en rotation régulière. Mais comme elles doivent jouer 70% de contenu franco, elles vont préférer passer des tounes de Rihanna et de Coldplay, et je ne les blâme pas, c’est tout à fait normal. C’est ça qui fait vendre de la pâte à dents et des souliers. Je ne me plains pas non plus, parce que c’est nous qui avons décidé de rester à Montréal. On pourrait juste déménager à Toronto ou L.A. et s’essayer là-bas. C’est un choix qu’on fait, et on vit bien avec ! Mais quand on se fait dire que chanter en anglais c’est prendre la voie facile, je trouve ça ben ben drôle.»

Vive le web

«On est vraiment un band de génération internet,» souligne David. «Le monde nous a découvert sur Facebook où par le bouche-à-oreille. Lorsqu’on est allé à Amqui, les gens connaissaient nos paroles et c’était beau!»

Et comment se fait-il que la troupe n’ait pas encore été signée chez une maison de disque? Leurs tentatives ont toutes échoué?

«En fait», précise David, «on a jamais fait de tentatives pour approcher un label, c’est eux qui nous ont approché».

«L’affaire, c’est que nos concerts sont toujours remplis, mais ça n’a jamais eu une énorme porté en dehors de la salle. Ça fait 60-75 show qu’on fait et on aimerait que ça commence à porter. Notre projet commence à être mûr. On n’est pas désespéré, dans le sens que notre projet va bien, mais je pense que là, il y a un buzz qui est en train de se créer, les gens en parlent. J’ai espoir que ça va bien aller. Les choses arrivent toujours au bon moment», commente-il, philosophe. «Il faut qu’on fasse décoller le projet pour que les gens puissent embarquer avec nous

«Ça fait bizarre aussi de parler de label alors qu’on fait notre chemin et que tout se passe quand même très bien pour nous, alors que d’autres groupes n’ont pas la visibilité et n’ont pas l’engouement que nous avons

Le concert du 18 mars risque d’attirer beaucoup d’amateur de Will Driving West et de nouveau curieux, très intéressé de voir comment la formation se défend en concert.

Mercredi le 18 mars à 20h à La Sala Rossa.