Ludo Pin lance son plus récent album Paris-Montréal O Patro Vys le mardi 19 mars.

J’en ai profité pour faire une entrevue avec cet artiste émigré de France.

Parlons de Paris-Montréal.

L’album a été écrit entre les deux villes, pendant les voyages en avion. C’est un peu ce qui rythmait les séances d’enregistrement avec les gens avec qui j’ai travaillé. Cette période de gestation a bien duré deux ans et demi et c’est durant ce temps que j’ai rencontré Navet Confit avec qui j’ai travaillé. Ariane Moffat s’est ensuite greffée au projet. J’avais déjà travaillé avec elle sur mon EP. Après, on a fait venir des musiciens progressivement et c’est ce qui a permis à l’album de prendre cette couleur.

Ta rencontre avec d’autres artistes?

Je suis arrivé avec des démos en les distribuant à droite et à gauche. J’ai rencontré Navet et pas mal de gens. L’idée était de travailler à partir de mes démos et de fabriquer quelque chose autour sans défaire la fragilité et l’intention première.

La présence de Navet Confit et d’Ariane Moffat n’est pas si visible, ça reste ton projet?

C’est ce que j’ai aimé avec eux. Je savais ce qu’ils faisaient en tant que réalisateur et musicien. Avec Navet, on avait vraiment les mêmes intérêts musicaux, on était en phase et il a compris où je voulais aller. C’est sur les apports mélodiques qu’il m’a apporté beaucoup. Il a affirmé des effets pop que je n’osais pas aborder. Ça a bien marché parce que j’avais besoin de quelqu’un un peu comme moi, qui faisait un peu tout lui-même. Pour Ariane, elle était plus une invitée. Elle suivait ce qu’on faisait.

3105532472-1

Pour le lancement, la formule sur scène ressemble à? (19 mars)


On sera quatre sur scène. J’ai fait plusieurs concerts solos, mais ici, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs bons musiciens. Alors, il y aura Navet Confit qui jouera du clavier et des guitares, Mathieu Vézio à la batterie et Gab Gagnon au clavier. Gab a déjà travaillé avec Alex Nevsky et Salomé Leclerc.

Ludo Pin en France?

En fait, ça se passe bien ici avec mon album et les spectacles. J’ai aussi réalisé l’album de Marcie et, au bout d’un moment, j’ai décidé de me concentrer sur le Québec. De toute façon, je vis ici et j’ai plus de fun à Montréal. C’est amusant d’aller jouer en France pour faire des spectacles. Par exemple, on est censé aller en avril à Aurore Montréal qui est une vitre de la scène québécoise à Paris. J’y sortirai l’album. Pour l’instant, je laisse voir les choses. Je vais faire quelques spectacles, mais je n’ai pas envie de m’épuiser à faire des aller-retour avec la France. J’en ai fait beaucoup déjà. J’ai eu un bébé récemment et j’ai davantage le goût de rester ici.

Est-ce que tu commences à te sentir Québécois?

Oui, tu vois, ça fait trois ans que je vis ici et la dernière fois que je suis allé en France, quand je suis revenu, j’ai vraiment senti que j’étais de retour à la maison. J’ai eu mes papiers il n’y a pas longtemps. Aussi, j’habite avec ma blonde et mon bébé alors, oui, petit à petit. Pour un étranger arrivé en France, c’est plus difficile de se sentir français qu’un étranger qui arrive ici et qui se sent québécois. Les amis que j’ai ici, oui, pour eux je suis français, mais je suis quand même bien intégré, bien accueilli.

Ça m’est arrivé l’autre jour qu’un Québécois me demande si j’étais Français en m’écoutant parler et c’était la première fois qu’on me le demandait.

Inspiration musicales.

Mes inspirations musicales ont pas mal bougé depuis le temps. J’ai commencé avec Hendrix et après j’ai découvert la chanson française avec Mano Solo. Ensuite, j’ai découvert le rap français et je te dirais que c’est pas mal ce qui m’a influencé à faire des chansons. C’est le mélange de la culture anglo-saxonne que j’aimais et mélangée avec le rap français, plus proche de ma réalité de banlieue parisienne. C’est ce qui m’a influencé. Sinon, il y a des artistes comme Dominique A, Mathieu Boogaerts que j’écoutais beaucoup. Mais avant même que je vienne au Québec, avec mon premier album, paru sur Audiogram, je m’étais pas mal intéressé à la scène québécoise, notamment Ariane Moffat et Monogrenade que je connaissais avant même que le groupe lance leur album. Il y en a beaucoup qui m’inspire ici, autant sur la scène francophone, mais aussi sur la scène anglophone. Je m’identifie plus facilement à la musique d’ici, le rapport entre le son, le texte et la place des mots dans la chanson. La première fois que j’ai entendu Peter Peter, je me suis dit qu’il n’y a pas ce son-là en France.

Arnaud Dufour
Arnaud Dufour

Est-ce que c’est rendu difficile percée en France, en français?

En ce moment, je pense que peu importe la langue, c’est rendu difficile et compliqué. Tout est un peu gelé. La situation économique n’est pas bonne, les salles de concert ont de la difficulté à programmer des artistes en développement, les maisons de disque sont mal en point.

Il y a un marasme?

Oui! C’est rendu que pour réserver des spectacles et pour mettre les choses en place, ce n’est pas évident, c’est compliqué. Ici, au Québec, c’est à échelle humaine et donc, un peu plus facile. Par exemple, je réussis à m’autoproduire et gérer mes affaires. Quand j’ai besoin de soutien, il y a des gens motivés un peu partout. Je n’ai pas produit mon disque avec beaucoup d’argent, ça correspond à ma réalité économique et à la réalité économique de l’industrie de la musique. Ce n’est pas un problème en soi, parce qu’au Québec, faire de la bonne musique avec des bonnes idées c’est plus facile, on n’a pas besoin de gros studios. On s’entraide. Il y a des minis pôles d’attraction musicale et ça crée une belle énergie. En France, j’ai galéré pour trouver des musiciens. C’est plus difficile. Tu deviens obligé d’avoir une grosse machine derrière toi pour être visible.

Oui, il faut des moyens au Québec, mais si les gens aiment ça, ils vont en parler et relayer ton projet. Je suis soutenu ici parce que les gens aiment mon projet et ma musique.

En France, quand je vais voir des médias indépendants, les premières questions qu’on me pose c’est : sur quelle compagnie de disques est-ce que ça sort?

Oui, réalité économique et milieu musical ne sont pas faciles ici et ailleur. Tant mieux pour Ludo Pin, car son projet semble bien fonctionner et la passion l’anime. De plus, comme il le mentionne, Ludo collabore avec d’autres musiciens. Je l’ai vu vendredi passé accompagner Marcie sur scène.

Critique de Paris-Montréal : Prochainement.
Lancement : https://www.facebook.com/events/220881781391304/?ref=ts&fref=ts
Site Web : http://www.ludopin.net/
Également en spectacle aux Francouvertes le 25 mars.

3 réponses