Crédit : Stéphane Brunet
Crédit : Stéphane Brunet

Vincent Peake et les Francouvertes

Cette année, Vincent Peake et Koriass sont les deux co-porte-parole du concours-vitrine les Francouvertes, qui est présentement en appel de projets jusqu’au 4 novembre. On a décidé de faire un peu le point avec Vincent Peake, ce mythique personnage de la scène punk québécoise, pour voir ce qu’il devenait et ce qu’il pensait du concours.

Sur quoi est-ce que tu travailles ces temps-ci?

Je suis toujours un membre actif de Grimskunk. Je fais toujours quelques spectacles de festival avec Groovy Advark. Évidemment, au point où on est rendus dans la vie, avec les autres gars, on ne peut plus repartir le bal comme avant. Il y a désormais les obligations, les familles et les jobs, mais on se permet à l’occasion de faire quelques festivals par été. L’année prochaine, on va célébrer nos 30 ans, alors on va surement faire quelque chose pour souligner ça. J’ai aussi reparti mon band stoner-rock qui s’appelait Floating Widget après un hiatus de 8 ans. On s’enligne pour faire un deuxième album. J’ai passé beaucoup de temps cette année avec Aut’Chose, le band de Lucien Francoeur. Ce fut une année bien occupée! J’ai aussi réalisé l’album de Carotté Punklore et Trashdition. C’était une deuxième réalisation pour moi et j’ai vraiment adoré cette expérience avec eux.

Comment les Francouvertes sont venues te recruter?

Je collabore avec les Francouvertes en tant que juge à différentes étapes du processus, chaque année depuis 1998. Ça fait de moi, mine de rien, l’un des plus anciens collaborateurs des Francouvertes. Je n’ai pas manqué beaucoup d’années en 16 ans. On m’a demandé, pour cette 16e année de collaboration, si je voulais être porte-parole et j’ai accepté. Je n’aurais jamais pensé qu’on me le demanderait parce que je n’ai jamais fait le concours en tant que musicien, mais j’ai trouvé ça l’fun qu’on me le demande! J’aime aussi l’idée d’être co-porte-parole avec un rappeur comme Koriass; nos deux spectres de musique sont complètement à l’opposé et je trouve ça trippant.

Justement, n’allez-vous pas faire une petite performance ensemble? Ça risque d’être intéressant!

En effet, on a parlé de ça. On a pensé faire ça lors de la finale au Club Soda le 8 mai. Pour le moment on a pas encore parlé de ce qu’on allait faire, mais il va effectivement y avoir une performance avec Koriass et moi.

Qu’est-ce que tu penses de la formule des Francouvertes?

Une des choses que j’aime beaucoup des Francouvertes, c’est justement la formule du concours. Dès la seconde où l’artiste envoie son matériel ou son démo, il va se faire écouter par un panel de jury et de membres de l’industrie. Il va recevoir une note et des commentaires sur son oeuvre et ça, tout au long des étapes de la qualification. Peu importe si le band ou l’artiste ne passe pas les éliminatoires, ils vont déjà avoir une idée des points forts et des points faibles auxquels ils pourront travailler. J’aime beaucoup ce concept où le public et le jury se doivent de remettre des commentaires. Ça permet à l’artiste d’accélérer le processus d’excellence et ça lui permet d’aiguiser son art beaucoup plus facilement, du moment où il prend ça au sérieux, évidemment.

J’aime aussi le fait que les artistes se ramassent trois par soir à jouer devant un public qui n’est pas le leur. Ce n’est pas un public conquis rempli d’amis et de parents. Dans un concours, c’est sûr que tu seras confronté à toi même, à tes forces et à tes faiblesses, et c’est certain que tu vas te le faire dire. C’est ça qui est trippant, je trouve, parce que ça te permet de réviser ton affaire très rapidement. Le concours permet aussi de créer des contacts solides avec d’autres musiciens, des artistes et des gens de l’industrie, parce qu’ils sont là. Année après année, les lundis soir des francouvertes, il y a beaucoup de gens de l’industrie qui se ramassent là pour voir s’ils ne pourraient pas flairer le prochain nouveau talent. C’est un concours-vitrine très important.

Est-ce que tu dirais que pour un artiste, afin de faire sa place, c’est important de passer par les concours et même quasiment obligatoire?

Non, c’est n’est pas obligatoire du tout. C’est une avenue à prendre et c’est un bon exercice pour un band de faire le concours. Il n’y a rien de négatif qui peut sortir de cette expérience-là. Ça te permet de travailler fort. Si tu réussis à remporter les préliminaires et les demi-finales, il faut que tu revoies ton spectacle selon les critiques afin d’améliorer ce qui peut être amélioré, afin de livrer un meilleur spectacle. Ça force un band à travailler très fort. Il y a tout de même beaucoup de bands qui ont réussi sans passer par les concours, alors c’est une avenue comme une autre.

J’ai cru entendre selon les commentaires des gens que le folk prenait beaucoup trop de place dans le concours. Qu’en penses-tu?

C’est cyclique. À chaque 5 ans, il y a un style de musique et un courant musical qui va l’emporter sur un autre. Depuis le début on le voit. Il y a 10 ans, quand Karkwa et Malajube étaient très populaires, on recevait beaucoup de groupe qui leur ressemblait. Quelques années plus tard, quand Coeur de Pirate est devenu populaire, on a eu plein de filles au piano avec une petite voix à la Coeur de Pirate. C’est cyclique. En ce moment, le folk est très à l’honneur. C’est normal que les artistes qui écoutent ce style-là ont le goût de le reproduire puisqu’ils s’en inspirent.

Ce que je dis le plus souvent aux artistes qui ne passent pas, c’est qu’ils ressemblent trop à leurs influences. Ils doivent s’en détacher. Sinon, ce n’est pas original. Ils doivent arriver avec leur propre sauce, leur propre épice, pour ainsi se démarquer. Copier le style qui est à la mode, ça ne peut pas marcher. Les modes changent trop rapidement. Je comprends que le folk soit très populaire parce qu’il y a beaucoup d’artistes qui réussissent dans ce style-là. Je te promets que dans quelque temps, ça sera un autre style.

Quel conseil justement tu donnerais à des artistes qui désireraient s’inscrire?

Ça revient un peu à ce que je viens de dire. Ça prend aussi des bons textes, un bon chanteur ou une bonne chanteuse. La voix est très importante, on dit souvent que c’est 50% de la musique. Surtout, ça prend de l’originalité. Comme je le disais, il ne faut pas voler trop proche de ses influences. Si on regarde les gagnants des années précédentes, mettons Bernard Adamus, il ne ressemblait à personne. Tu ne peux pas faire la même recette. Il y a déjà un Bernard Adamus. C’est normal d’avoir des influences, surtout au début de la vingtaine. Il est normal de ne pas avoir trouvé tout à fait son chemin. De toute façon, petit à petit, ils se détachent de leurs influences. Tu as tout à gagner à essayer d’être unique.

Les Francouvertes
Inscriptions jusqu’au 4 novembre 2015.

Francouvertes