En 2011, l’auteur-compositeur-interprète Philippe B avait lancé le quasi-culte Variations fantômes. Ce printemps, avec l’arrivée des fleurs et du soleil, il propose un nouvel album intitulé Ornithologie, la nuit qui, au contraire de son titre, est plus lumineux que son précédent.

Il lance officiellement l’album le mardi 22 avril à Montréal. On s’est rejoint au téléphone, le jeudi d’avant, alors que la nuit était déjà bien tombée.

On est dans le ton, souligne-t-il. Je suis justement allé prendre une photo de nuit pour La Presse. L’entrevue avait déjà été faite il y a quelques jours, mais ils voulaient une photo de nuit, alors on a attendu une occasion pour le faire en soirée.

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Avec ce nouvel album, Philippe B fait-il une étude des oiseaux de nuit en général ou a une constatation de son mode de vie?

En fait, c’est plus une anecdote. C’est certain qu’il y a la piste
Ornithologie où on y étudie le livre des oiseaux, mais la raison pour laquelle j’ai décidé de mettre ce titre, c’est plus parce que c’est représentatif de la façon dont l’album a été fait. Il a été fait de nuit.

Oui, en fait, c’est moi l’oiseau de nuit. Je travaille de nuit, je suis beaucoup comme ça. Non seulement dans la vie, mais surtout dans l’écriture et dans le travail. Parfois, je commence à écrire tard et je prends un filon qui occupe encore plus ma soirée et ma nuit.

C’est certain que je ne peux pas toujours enregistrer la nuit, car je le fais chez moi et jouer de la musique la nuit n’est pas toujours bienvenu, ha ha (rire)! Mais c’est certain que je travaille plus la nuit pour les compositions, les arrangements et l’écriture des paroles.

Musique classique

Celle-ci à une place prépondérante dans la vie de l’artiste. Pour Variations fantômes, il s’est inspiré d’échantillonnage de musique classique.

Je cherchais des arrangements et des couleurs différentes. C’est quelque chose que j’ai fait un peu par hasard et par nécessité au départ et qui m’aide a trouvé de nouvelles pistes d’idées et à me relancer en trouvant de nouvelles pistes d’écriture. Même si je fais des chansons très personnelles, ça m’aide à aborder les chansons à travers des angles différents.

L’échantillonnage est également une façon pour Philippe B de se donner des défis. Surtout avec Variations fantômes où le défi était systématique sur chacune des pistes. Cette fois, on le sent plus libre. Il décide de sortir de ces contraintes et de ce patron qu’il a bâti pour trouver autre chose pour bâtir une certaine cohésion dans les thématiques et les propos. Il a alors l’idée d’ajouter des voix féminines.

Deux voix plutôt qu’une

J’ai toujours voulu faire ça. Cette présence des voix, qui n’est ni une chorale, ni un duo avec une autre chanteuse. J’avais envie que ça soit des choristes, mais juste deux voix. Un peu comme les premiers disques de Cohen. J’aimais beaucoup cette idée, qui est devenue l’essence principale de l’album.

En effet, dans un style très épuré, les voix sont là pour accompagner le chanteur, mais aussi comme mélodie, tel un instrument. Il se base plus sur le piano également, sur lequel il compose. Pour ajouter une ambiance plus légère, il joint des instruments à vent.

En plus de ses propres albums, Philippe B s’est aussi consacré à d’autres projets, comme la réalisation d’album (Les Sœurs Boulays, Carl-Éric Hudon) et la composition musicale d’un spectacle de danse, d’une pièce de théâtre, mais aussi d’un film (Chasse au Godard d’Abbittibbi)



Ça m’a permis de développer certaines aptitudes qui me permettent désormais de répondre à certaines demandes professionnelles, comme arrangeur, réalisateur ou compositeur. Comme j’ai été pris pour réaliser mes propres albums, ça m’aide. J’apprends en travaillant avec les autres. J’apprends certaines facettes différentes. Ce sont des défis que je relève. Ça nourrit ma pratique sur mes disques et ça m’aide à avancer.

Je sens l’artiste un peu inquiet de la réception de son nouvel album.

C’est certain qu’il y a plus d’attentes que les disques précédents. Je suis assez difficile à satisfaire moi-même et j’aime assez mon album pour le partager. J’ai hâte de voir la réception des gens, car ça fait déjà un moment que je l’ai terminé.

Il n’a pas à rougir. Loin de là. Ornithologie, la nuit est plus épurée, plus simple et encore plus lumineux. Il ne souffre pas de la comparaison, au contraire.

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